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The Great He-Goat,

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"Le sommeil de la raison engendre des monstres", inscrivit Francisco de Goya au frontispice d'une série de gravures. Considéré comme l'un des plus grands précurseurs de l'art contemporain, le peintre espagnol (1746-1828) a laissé une œuvre marquée par l'agitation et la noirceur de son époque.
Renouant avec la veine picturale qui avait donné les mémorables Dernières hallucinations de Lucas Cranach l'ancien ou encore Simonetta Vespucci, la compagnie Mossoux-Bonté s'est inspirée ici des Pinturas Negras, cycle de scènes terrifiantes composées par un Goya de plus de 70 ans, sourd et solitaire, et parmi lesquelles figure Le Sabbat des sorcières ou Le Grand Bouc.
C'est là que Nicole Mossoux est allée puiser la "substance fantasmagorique" de cette création. Dix danseurs et une enfant constituent le corps mouvant et pluriel de ce Great He-Goat, creusent les sinueuses voies de cette pièce et de ses langages multiples : rythmique, visuel, sensuel, sonore, vocal, gestuel.
On y retrouve la marionnette, le masque, le double, éléments récurrents dans l'art que tissent depuis plus de trente ans Nicole Mossoux et Patrick Bonté. Lévitations, dédoublements, démembrements et illusions bâtissent et peuplent les tableaux en série dans une suite organique et orgiaque, un rituel cauchemardesque et fascinant. Un cérémonial empruntant autant à l'imagerie sacrée qu'aux codes du cabaret, et dont le caractère puissamment visuel ne délaisse jamais les autres sens.  M.Ba.

Un spectacle de la Compagnie Mossoux-Bonté. Coproduction Charleroi Danse – Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Belgique, La Briqueterie - CDCN du Val-de-Marne, Le Théâtre de Rungis, La Coop asbl. et Shelterprod. Avec le soutien du Théâtre de Liège, du Théâtre de Châtillon, Taxshelter.be, ING et du Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge, de la Fédération Wallonie-Bruxelles, service de la danse et de Wallonie-Bruxelles International.

Création belge à Charleroi danse – La Raffinerie. M.B.

de Nicole Mossoux, en collaboration avec Patrick Bonté.

Stretch

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Isabella Soupart a placé son dernier spectacle Stretch , étiré, dans le beau cadre fonctionnel d’un musée tout neuf du quartier Dansaert, le MAD (Musée de la mode et du design). C’est une tendance forte de la danse contemporaine de s’installer dans les lieux d’art pour s’y mettre en mode performance. Le MOMA et tous les musées new-yorkais ont commencé, of course, mais le Louvre, la Tate Gallery, les Musées Royaux des Beaux-Arts, le Wiels et bien d’autres suivent : la danse y gagne de grands espaces et le Musée rajeunit son public. C’est du win win.

Stretch offre six heures de parcours dynamique et festif à une douzaine de danseurs sur plusieurs niveaux du musée. Parfois on les surplombe parfois ils nous frôlent, toujours ils exécutent des danses stylisées qui en changeant d’espace changent de sens. 6 heures ? Oui, mais à option, avec un bar pour « souffler ». Une énergie millimétrée se dégage de cette proposition jazzy d’Isabella Soupart, en dialogue avec de belles sculptures de Jonathan Sullam. Les 10 jeunes danseuses, habillées « mode » souvent seules ou en duos/trios interprètent leur partition à la perfection, dialoguant en souplesse avec le public, sans familiarité. Avec un contrepoint masculin sporadique excellent lui aussi. La musique est souvent « fabriquée » live, souvent sous nos yeux, avec beaucoup de clins d’œil malicieux.. Elle emprunte aussi bien aux danses urbaines pour les duos qu’aux rave parties pour les ensembles plus longs. Avec un contrepoint humoristique : la gestuelle des agents de la circulation sur les aéroports. Au total un beau « thème et variations » sur le mode « danse urbaine » qui flirte en douceur avec le monde visuel de Jonathan Sullan jouant sur le reflet et la souplesse des matériaux flexibles. Séduisant, rigoureux, intelligent et sensuel. C.J

Un spectacle H&B. Avec le soutien de MAD - Brussels Fashion and Design Platform, de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Arts plastiques contemporains, du Service Public Francophone Bruxellois, de la Ville de Bruxelles, de White & Case, de Naos Design, de 42|54.

Création à MAD.

d’Isabella Soupart.

Mirage

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Née à Valence, établie à Bruxelles depuis 1990, Olga de Soto sonde depuis près de vingt ans, au fil de ses créations, la mémoire du corps, celle de l'esprit, de même que l'histoire de la danse. Danseuse, chorégraphe et chercheuse, elle a notamment mené une vertigineuse enquête autour de la Table verte, pièce fondatrice de la danse moderne et contemporaine. Avec Mirage, c'est un virage qu'a opéré Olga de Soto, désireuse de "quitter ce monde gazeux, les écrans, les vidéos, pour revenir au corps présent, au groupe".
Pour ce processus, la chorégraphe - hors plateau cette fois - a fait appel à un quintet d'interprètes (Albane Aubry, Edith Christoph, Talia De Vries, Meri Pajunpää, Maria de Dueñas López), chacune avec sa technique, son âge, sa physionomie, sa personnalité, dans un ensemble où "le corps est exploré à la fois comme surface, matière, image".
L'art d'Olga de Soto est celui de la traversée, de la mémoire, de la trace, et aussi, toujours, avant tout, celui de la présence, du présent absolu. La voir ainsi collaborer avec la plasticienne Sophie Whettnall et ses grandes pages/plages/reliefs de papier et d'aluminium permet à nouveau d'approcher l'archéologie du geste, l'action du temps.
Oscillation, rituel, vibration, rythmes flous et regards francs : Mirage fait dialoguer les énergies en présence, avec une fluidité sans tiédeur, avec une force loin de toute lecture imposée. Atouts du corps présent comme de l'imaginaire, profusion et profondeur tracent - avec les éclairages élégants de Philippe Gladieux et la palette sonore de Benoît Pelé - le paysage de tous les possibles.  M.Ba.

Un spectacle Niels Production. Coproduction Charleroi danse, Pôle Sud – CDCN de Strasbourg, Le Vivat – Scène conventionnée d’Armentières, ICI—Centre chorégraphique national Montpellier – Occitanie / Direction Christian Rizzo. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Secteur danse.

Création à Charleroi danse – La Raffinerie. M.B.

d’Olga de Soto.