Grow or Go

/web/photos/Grow_or_Go.pngAdapter un documentaire sur scène, sur un pan de l’économie capitaliste. Le propos a l’urgence du temps, le résultat a le théâtre comme premier geste. Impressionnant. La metteuse en scène Françoise Bloch a procédé à un montage scénique des séquences du film éponyme, Grow or go de l’Allemand Marc Bauder. Le réalisateur filme le parcours de jeunes diplômés d’une Business School: interviews, entretiens d'embauche, séances de coaching ou de com’. Il nous plonge dans le monde en vogue de consultance. Le théâtre de Françoise Bloch aussi. Adaptation impeccable dans une scénographie grise de Johan Daenen, centrée sur des bureaux qui se déplacent constamment au gré des situations. On suit six (très) jeunes comédien(ne)s, tous excellents. Construit en intelligence, le spectacle est passionnant. La mise en scène inventive de F. Bloch joue avec le récit et le dialogue, le déplacement chorégraphique et la langue musicale, notamment avec des détonants arrêts sur images (en pleine interaction), ou ces répétitions de répliques (presque subliminales) qui font sursauter le spectateur au bon moment… Exécution implacable, théâtralité absolue. N.A. Grow or Go d’après Marc Bauder, mise en scène de Françoise Bloch, coproduction Théâtre National, L’Ancre à Charleroi et le Théâtre de la Place à Liège d'après Marc Bauder, mise en scène de Françoise Bloch

Le chagrin des ogres

/web/photos/Le_chagrin_des_Ogres.pngCoup d’essai et coup de maître pour cette première production de la compagnie Artana et première mise en scène de Fabrice Murgia. Le Chagrin des ogres met en scène deux jeunes gens enfermés dans leur monde. Créé dans le cadre du Festival de Liège, présenté à l’Ancre et au National avant une tournée passant par l’Allemagne et la France, Le Chagrin des Ogres a remporté les prix du Public et de Télérama au Festival Impatience, consacré aux jeunes compagnies, au Théâtre de l’Odéon puis fait salle comble durant un mois à la Manufacture à Avignon. Dépassant largement les clichés sur la crise adolescente et les explications toutes faites (la faute aux jeux vidéo, aux films violents, etc.), Le chagrin des ogres nous met face au désarroi absolu de jeunes gens que personne ne voit ni n’entend. Utilisant largement le travail sur le son, les micros, la vidéo, la mise en scène met en évidence un univers de la communication permanente où chacun se retrouve plus seul que jamais. Un spectacle bouleversant qui suscite d’innombrables questions chez chaque spectateur.JMW. Un spectacle de la compagnie Artana, production Théâtre National avec l'aide du Festival de Liège et Théâtres & Publics. En tournée au Centre culturel de Ciney le 10 novembre, au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris du 26 novembre au 3 décembre. Photo © Cici Olsson de Fabrice Murgia, mise en scène de l'auteur
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R.W. (Premier dialogue)

/web/photos/rw.png« Les personnages de Walser viennent de la nuit la plus noire, nuit vénitienne, éclairée par quelques pauvres lampions d’espoir, une lueur de fête au fond des yeux, mais hagards et tristes à pleurer ». Cet hommage de Walter Benjamin à l’œuvre de Walser, résume la réussite d’un spectacle au titre énigmatique, R.W, pour Robert Walser, un Suisse pratiquement inconnu chez nous- romancier intimiste, ami de Musil et de Kafka. Pour ce « premier dialogue » Pascal Crochet a choisi le thème de la maison, habitée par deux maîtresses de maison et quatre serviteurs. Leurs surgissements successifs et leurs échanges improbables nous plongent dans d’étranges rêves, peuplés de rituels bizarres. Tous les éléments concrets, bottes, table, maison en carton aux parois fragiles, sont utilisés comme objets de fantasme plus que de réalité. Avec une complicité des acteurs qui n’est pas loin des chorégraphies mystérieuses de Joseph Nadj ou du duo Mossoux-Bonté. Pas de narration précise mais des bribes de mots, dans une maison dispersée qui rappelle les errances intimes de l’âme. Un premier dialogue, suivi, cet automne, d’un deuxième, sur l’errance. Pascal Crochet- formé dans la mouvance de Grotowski, Pierre Vincke (éphémère Laboratoire Dur An ki) et Dario Fo- approfondit avec une superbe équipe d’acteurs son terrain favori, les marges du rêve. CJ R.W.1er dialogue, présenté au Théâtre Océan Nord, repris, avec un deuxième dialogue auRideau de Bruxelles, jusqu'au 17 octobre. de Robert Walser, mise en scène de Pascal Crochet