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Myriam Saduis

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On connaît Myriam Saduis comme metteure en scène de puzzles raffinés appuyés tantôt sur Ingmar Bergman (Une histoire d’âme), Tchékhov (La Nostalgie de l’Avenir d’après La Mouette) ou Hannah Arendt (Amor Mundi).

Cette fois, avec Final Cut, elle monte au front de la confidence intime, prend le risque de s’exposer, y compris comme actrice et nous confie son équation compliquée entre un père musulman tunisien et une mère catholique italo-française. Sa mère renie un jour le père qui disparaît de l’horizon, sans explications. Au secours mon identité ! Mais c’est toute une époque, une tranche d’histoire (la fin des années 50, le début des années 60) qu’elle fait revivre avec finesse, sensibilité et rigueur. Elle a vécu de l’intérieur ce contexte raciste qui refait surface aujourd’hui dans notre monde de manière inquiétante. Et les yeux dans les yeux, avec une passion froide et déterminée, non dénuée d’un humour parfois caustique, elle nous met en garde contre ce retour du racisme : elle sait de quoi elle parle.

La surprise n’est pas tant dans le thème, la quête d’identité et le racisme et dans la finesse d’un texte personnel remarquable que dans son incarnation par une grande actrice qu’on ignorait. Elle a certes joué il y a bien longtemps des textes d’autrui mais jamais n’a incarné un « personnage » dans ses adaptations de Bergman, Tchékhov ou Hanna Arendt. Et l’on découvre soudain qu’elle dompte ce texte intime comme s’il lui était « extérieur » en maîtrisant l’émotion, pourtant à fleur de peau, comme une disciple de Diderot et de son Paradoxe sur la… Comédienne. Elle est son propre personnage. Son talent de comédienne donne force au texte qui n’est ni un apitoiement sur soi, ni un règlement de comptes avec sa mère, ni une critique passionnée mais sommaire du colonialisme. C’est d’abord une leçon de théâtre par une comédienne qui en connaît tous les détours. CJ.

Un spectacle du Théâtre Océan Nord. Coproduction Défilé, la Coop asbl. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service Théâtre (CAPT), de Shelterprod, deTaxshelter.be, ING, Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge.

Création au Théâtre Océan Nord.

Reprise du 5 au 27 juillet 2019 à la Manufacture à Avignon,

de Myriam Saduis avec la collaboration d’Isabelle Pousseur.

Edoxi Gnoula

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Lionelle Edoxi Gnoula. Prenez ses initiales - LEG – ajoutez-y le « s » de scène, et vous obtenez LEGS, titre d’un solo qui, forcément, charrie son lot d’héritage. Attention, pas le genre de donation qu’on inscrit sur un testament, mais plutôt ce qu’une vie peut vous léguer, de bagage solide comme de fardeau à porter. Car l’existence de la comédienne burkinabé n’est pas de celles qui s’écrivent et se règlent sur des actes notariaux et autres successions familiales. Au contraire puisque la jeune femme n’a jamais été reconnue par son père, qui habitait pourtant à quelque pâtés de maisons de la sienne, dans un quartier pauvre de Ouagadougou.

 

Elevée par une mère féministe avant l’heure, Edoxi Gnoula mêle son histoire d’enfant « bâtarde » au destin de son pays, le Burkina Faso, longtemps sous le joug d’un dictateur, Blaise Compaoré, irresponsable vis-à-vis de sa jeunesse. Abandonnée par son père, dans un pays trahi par son dirigeant : le fil était tout trouvé pour construire LEGS (suite), écrit en un mois, sous le coup d’une rage féconde. En 2014, alors que la comédienne suit, depuis la Suisse, l’insurrection de son peuple, qui finira par déloger Blaise Compaoré, elle trouve l’étincelle pour raconter sa propre histoire, guidée par le metteur en scène belge Philippe Laurent, avec qui elle a suivi des stages d’écriture aux Récréatrales de Ouagadougou. Elle plonge alors sa plume dans une introspection à la fois douloureuse et libératrice.

Mise en scène de Philippe Laurent.

Un spectacle du Théâtre Océan Nord. Coproduction La Coop asbl. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Service du théâtre, Shelterprod, Taxshelter.be, ING, Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge.

Création au Théâtre Océan Nord. C.Ma.

Dans LEGS « suite », de et avec Edoxi Gnoula.

Anne Sylvain

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Anne Sylvain est une des onze comédiennes transformistes de Ce qui arriva quand Nora quitta son mari de Christine Delmotte-Weber. Avec son visage androgyne et malléable, elle se prête à toutes les métamorphoses pour habiter le texte de Elfriede Jenilek où l’autrice autrichienne imagine une suite et une vie au personnage de la Maison de poupée de Ibsen. Il lui suffit d’une fine moustache et d’un costume pour jouer un homme narquois et veule. Donnez-lui une chaise et elle se fait danseuse de cabaret à la féminité oblique. Pas besoin d'énormément d’artifices dans ses accessoires ou dans son jeu pour attirer la lumière par la force de son incarnation. Au théâtre le Public, elle a présenté The Elephant Man, qu’elle a écrit en s’inspirant librement de la vie de Joseph Merrick, cet homme cultivé mais difforme, devenu une attraction de foire dans l’Angleterre victorienne. Elle y joue l’infirmière Eva Lückes, qui sous ses airs austères se montre profondément humaine et protectrice avec ce patient hors norme qui lui a été confié.

Dans Et des Poussières, de Michel Bellier, elle est Rosa, veuve fille et mère de mineur. Elle apparaît aussi dans le film Emma Peeters de Mona Chokri sous les traits de la mère d’Emma. Anne Sylvain est également chargée de cours à l’IAD d’où elle est sortie en 1993. G.B

Un spectacle de la Cie Biloxi 48. Coproduction Théâtre en Liberté, La Coop, Shelter Prod. Avec le soutien de Tax Shelter.be, ING, du Tax Shelter du Gouvernement fédéral de Belgique et du Centre des Arts scéniques.

Création au Théâtre des Martyrs.

ET dans Elephant Man, d’Anne Sylvain. Mise en scène de Michel Kacenelenbogen.

Un spectacle du Théâtre Le Public. Avec le soutien du tax shelter de l’État fédéral belge via Belga Films Fund et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Création au Théâtre Le Public. G.B.

Dans Ce qui arriva quand Nora quitta son mari, d’Elfriede Jelinek. Mise en scène de Christine Delmotte.