Cold Blood

/web/photos/2016-Cold_Blood_JulienLambert.png

Spectacle de cinéma éphémère (les scènes sont jouées dans des décors miniatures sur le plateau, filmées en direct et projetées au même instant sur grand écran), Cold Blood bénéficie de l’excellence de la chorégraphe, du réalisateur et de l'écrivain et du travail d'équipe de la douzaine de personnes qui y ont œuvré. Sur un seul et même plateau, se succèdent des décors différents amenant à chaque fois un univers particulier. Numéro de pole dance, numéro de claquettes, ballet aquatique, peep show, cinéma drive in ou car wash, tout n’est que créativité dans la confection des décors et dans l'utilisation qui en est faite. Cold Blood joue sur la relation entre ce que le public voit à l'œil nu et ce qui apparaît à l'écran. Outre la qualité de l’écriture et des chorégraphies, le travail du cinéaste et de son équipe (éclairagistes, caméraman et woman, ...) crée une magie qui arrive à transformer un aquarium en verre avec des bouts de bois fichés dans la terre en une énigmatique forêt tout en profondeur et plongée dans la brume. D.B.

Cold Blood de Michèle Anne De Mey, Jaco Van Dormael, Thomas Gunzig et le collectif Kiss & Cry. Création au Théâtre le Manège à Mons.

Production déléguée Le Manège.Mons (BE), Production exécutive Astragale asbl (BE), Producteur associé Théâtre de Namur (BE), Coproduction Charleroi Danses (BE), la Fondation Mons 2015, KVS (BE), Les Théâtres de la Ville de Luxembourg (BE), le Printemps des comédiens (FR),Torino Danza (IT), Canadian Stage (CA), Théâtre de Carouge (CH), Théâtre des Célestins (FR).

de Jaco Van Dormael, Michèle Anne De Mey et Thomas Gunzig

L'intruse

/web/photos/2016-L'Intruse_SergeGurtwirth.png

Les abeilles ne travaillent que dans l’obscurité, la pensée ne travaille que dans le silence. Ces premiers mots de L’Intruse annoncent la couleur, noire de noir, où vont bourdonner le mystère, la tension et l’inexprimable épouvante d’un spectacle en forme d’expérience sensorielle, hors du temps, étrangement irréel. Disciple de Claude Régy, Emmanuel Texeraud adapte Maeterlinck dans une sorte de rêve éveillé, à la frontière du cauchemar. Avec le même goût que Régy pour l’indicible, un même sens des limbes esthétiques pour dire les ténèbres de l’âme.

Tout commence dans un bourdonnement d’abeilles, installant une ambiance légèrement inquiétante. Découpée dans un long rectangle, la scène tient à la fois du vivarium, dans lequel se débattent des hommes-insectes, du film sur écran large, tendance thriller horrifique, ou du tableau d’un peintre hyperréaliste qui ne dessinerait qu’au gris. Dans cette brume stylisée, les personnages tuent le temps avec des dialogues en apparence inoffensifs mais où perce une pointe d’effroi latent, comme un abcès jamais percé. A ce jeu, les comédiens sont d’impeccables anguilles, ouvrant de furtives fenêtres sur leur indescriptible tourment. Austère mais léchée, L’Intruse magnifie Maeterlinck sans le paraffiner. Plutôt fort pour un premier projet ! C.M.

 

L'intruse, de Maeterlinck, mise en scène de Emmanuel Texeraud,scénographie de Didier Payen, création lumière de Caspar Langhoff, habillage sonore de Noam Rzewski. Création au Carthago Delenda Est, Bruxelles. Production de la Cie Fitzcarraldo.

Avec l’aide de Carthago et cave canem asbl.

d'Emmanuel Texeraud

Tristesses

/web/photos/2016-Tristesse_PhileDeprez4300.png

« C’est le travail vidéo qui a lancé le processus, créé le rythme, le langage. Puis, très vite, associée aux impros, la musique a influencé la tension. Il s’agit de varier les outils, puis de les faire converger vers une sorte d’harmonie… » confiait Anne-Cécile Vandalem au lendemain de la première de Tristesses .

Dès ses débuts (Zaï Zaï Zaï Zaï Compagnie Residence Catherine), la technique épouse l'artistique dans l'oeuvre que bâtit l'artiste, avec Das Fräulein (Kompanie) ensuite : du play-back insidieux de(Self) Service  au discours imagé d' After the walls (Utopia)», en passant par la végétation colonisant  Habit(u)ation .

Avec ses références au polar, au thriller politique, mais aussi au drame shakespearien, et son esthétique entre série scandinave et peinture de Hopper, « Tristesses » figure l'insulaire hameau où se jouera le huis clos. La scénographie de Ruimtevaarders se démultiplie par un usage exemplaire de la vidéo (Arié Van Egmond), rythmant le propos, débusquant les regards et les pleurs, les sens cachés derrière les murs – sans que jamais ne s'installe distance ou froideur. Car aussi minutieusement construit qu'il soit, le spectacle reste vivant, intégrant en live les compositions de Pierre Kissling et Vincent Cahay ainsi que le chant de Françoise Vanhecke, évoluant sous les lumières nuancées d'Enrico Bagnoli, gagnant encore en profondeur grâce au son ciselé par Jean-Pierre Urbano. Les pièces du puzzle – auxquelles il convient d'ajouter les costumes de Laurence Hermant, les maquillages de Sophie Carlier, et jusqu'aux coiffures de Gaetan d’Agostino – s'agencent implacablement dans cette glaçante comédie. M.Ba

Tristesses, création Das Fräulein (Kompanie) et Théâtre de Liège. Coproduction Le Volcan – Scène Nationale du Havre / Théâtre national – Bruxelles / Théâtre de Namur, centre dramatique / Le manège.mons / Bonlieu Scène nationale Annecy / Maison de la Culture d’Amiens – Centre européen de création et de production , projet Prospero

Prochaines représentations : au Festival au Carré, Mons, les 2 et 3 juillet. Au Festival d'Avignon, du 8 au 14 juillet. Théâtre Royal de Namur du 26 au 29 octobre.

d'Anne-Cécile Vandalem