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L'éveil du printemps

/web/photos/2013_Eveil_Sceno.pngOn dirait un jeu de lego géant. Pas de modules en plastique ici mais de légers bancs en bois. Plus qu’un simple décor, ce matériau de base est partie prenante du spectacle et semble avoir stimulé en permanence la mise en scène alerte et dynamique de Peggy Thomas. A la seconde, en effet, les sièges se métamorphosent en gymnase scolaire, en salle de classe, en tribunal ou en cimetière. Voilà une manière originale aussi pour susciter la créativité des acteurs lors des improvisations qui donnent naissance au spectacle. Pouvait-on rêver dispositif plus adéquat par ailleurs pour accueillir les adolescents de Frank Wedekind, si proches encore de l’enfance et de ses jeux innocents ? C’est Emmanuelle Bischoff qui signe cette scénographie simple et ingénieuse. Associée à la compagnie Les Orgues fondée par Peggy Thomas et ses complices, cette jeune artiste française en a scénographié tous les spectacles avec la même pertinence : jamais d’élément superflu dans ses créations, une vision minimaliste du plateau, et toujours ce subtil jeu des transformations. C’est au Théâtre du Méridien qu’Emmanuelle Bischoff fait ses débuts belges en 2007 ; elle y aménage un écrin de verdure digne du roi Ubu pour le metteur en scène Glenn Kerfriden. Aujourd’hui elle vit et travaille entre Strasbourg, Berlin et Bruxelles. D.M.

L’Eveil du printemps de Frank Wedekind, mise en scène de Peggy Thomas. Coproduction Cie Les Orgues et le Rideau de Bruxelles.

Projet Ibsen

/web/photos/2013_Projet_IBSEN_sceno.pngLe principal défi de ce Projet Ibsen : première partie, également intitulé Le fond des mers, était de donner une cohérence aux douze textes de l’auteur, Henrik Ibsen, rassemblés dans cette pièce, à savoir des extraits de ses douze dernières œuvres. Le défi était le même que ce soit pour le texte (Guillemette Laurent, à l’initiative du projet, a choisi un ensemble autour de la parentalité), le jeu (les excellents Marie Bos, Pedro Cabanas, Véronique Dumont, Simon Duprez, François Ebouele, Catherine Salée, etc) et la mise en scène dans son ensemble. A la scénographie, Stéphane Arcas joue sur les lumières et les ombres, avec la musique et le silence, avec les matières chaudes ou froides, pour donner une cohérence au tout. Dans des tons sombres, avec des surprises qui désarçonnent, on découvre les histoires croisées de tous ces pères, mères et enfants dans un univers intelligemment homogène et harmonieux. A.Ni.

« Porjet Ibsen : première partie » d’après Kenrik Ibsen, mise en scène de Guillemette Laurent. Création au Théâtre Océan Nord.

Protocole de relance

/web/photos/2013_Protocole_de_relance.pngAu départ, le hasard : Anne Buguet rencontre Myriam Saduis à Avignon en 1991. Anne est assistante costumière sur un spectacle de Michel Dezoteux. Myriam, marquée par un stage chez Ariane Mnouchkine, fait des études de comédienne à l’Insas. Une amitié naît et les deux femmes évoluent. Myriam, comédienne passe progressivement à la mise en scène, à Bruxelles. Anne, d’abord costumière et scénographe, crée à Paris, avec Michel Ozeray, sa compagnie, Omproduck, mélangeant marionnettes, théâtre d’ombres et arts numériques. En 2012, l’amitié devient professionnelle : la scéno d’Anne Buguet donne sa densité visuelle à La Nostalgie de l’avenir, libre adaptation par Myriam Saduis de La Mouette de Tchékhov. Cette année, dans Protocole de relance, d’après Si ce n’est plus un homme de Nicole Malinconi, Anne Buguet met en espace une prose superbe, dénonçant, sans emphase, quelques horreurs d’époque, mères porteuses, licenciements abusifs, exploités chinois, sans papiers en quête d’Eldorado. Un beau trio : Myriam Saduis aide l’actrice soliste Nicole Colchat à trouver une juste intériorité alors qu’Anne Buguet crée une scénographie poétique permettant un voyage imaginaire compliqué. Elle évite tout réalisme, préférant suggérer que montrer. Un immense rectangle de toile est tour à tour robe, mer ondulante ou espace prison de Shenzen, avec, en amorce du spectacle l’appui léger d’une vidéo discrète, assumant, ici et là, le lien avec la réalité. Deux collaborations, deux réussites.

Protocole de relance, d’après Si ce n’est plus un homme, de Nicole Malinconi, interprété par Nicole Colchat, mise en scène de Myriam Saduis, créé au Poème 2.